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Sophie D'Amours

Dernière mise à jour : 14 janv. 2021

Qui est Sophie D'Amours ?

Sophie D'Amours, rectrice de l'université de Laval depuis le 26 avril 2017, est la première femme à occuper cette fonction. Étant la femme engagée qu'elle est, en plus de ses responsabilités universitaires, elle siège dans plusieurs organisations, autant à l'international qu'ici, au Canada.



*Photo envoyée le 16 décembre 2020*

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Dans cette entretien, Mme. D’Amours parle de sa famille, du travail en équipe, du rôle de la science, de la maltraitance des enfants et de la scolarité. En parlant aux jeunes femmes, elle évoque par-dessus tout la confiance en soi et la détermination.


Quelle est votre plus grande fierté et pourquoi ?

Ma plus grande fierté, c’est ma famille, c’est mon conjoint, c’est mes enfants, de les voir grandir. Ils sont maintenant plus vieux. Un est plus grand, je suis grand-maman, alors c’est sûr que pour moi, c’est du bonheur. C’est une fierté d’avoir pu, à la fois, avoir une carrière assez intense dans ma vie, travailler très fort, puis avoir eu la chance et le bonheur d’avoir eu ces deux garçons qui m’ont accompagnée, qui ont été là pour moi comme j'ai été là pour eux. Alors, pour moi, c'est une grande fierté.

D’un point de vue professionnel, c’est sûr que c’est un privilège que d'être la rectrice d'une si belle université, d’une si grande université, puis de voir tous les jours des jeunes

persévérer, vouloir apprendre, vouloir aller au bout de leurs ambitions. Ça me rend très fière. Ce que l’on fait à l'université Laval, comment on le fait, ça me remplit de fierté et puis à tous les jours.


En quoi le fait d’être femme a marqué votre parcours ?

C’est sûr que quand j’étais jeune, ma mère a été importante pour moi. Mes parents, mais particulièrement ma mère, qui était féministe et qui me disait régulièrement : « Tu peux faire ce que tu veux, tu peux être ce que tu veux être dans la vie, ouvre tes horizons ». Donc, elle a eu une grande influence pour moi, puis elle m’a fait prendre conscience très jeune que ce n'était pas tout le monde qui avait la chance d'avoir cette mère ou cet entourage-là. C'est sûr que d'avoir dans mon entourage quelqu'un qui a ouvert mon horizon très jeune, ça été important.


Mais, tout au long de ma carrière, comme femme, inévitablement, parce que j’ai fait le génie mécanique, parce que j’ai travaillé avec le secteur forestier, parce que j’étais dans le monde de la recherche, de la science, j’étais souvent une des rares femmes, sinon la seule femme. Et j’ai vite appris, j’ai compris rapidement, que j’étais différente ; et j’ai vite appris également à apprécier la différence, la mienne et celle des autres. Je pense que ça a marqué mon parcours. Je pense que ça m’a donné des avantages, finalement.


En vieillissant, quand je regarde ça, des fois on ne réalise pas ces choses-là très jeune. Avec le temps, je pense que ma sensibilité à la différence, mon ouverture à des idées, peut-être différentes, a fait en sorte que j'ai été bien entourée. J'ai eu de bons partenaires dans ma vie professionnelle, de bonnes équipes ; ça a fait une différence.


Si je répète ça simplement : de réaliser que, dans un monde d’homme principalement, dans lequel j’ai évolué, j’étais un peu différente. J’avais une façon un peu différente de voir les choses. De réaliser que ça avait sa valeur, ça contribuait à ce qu'on prenne de meilleures décisions, qu’on soit plus innovants. J’ai appris à apprécier cette différence-là. Aujourd'hui, j'en fais la promotion ; ça prend plus de diversité dans nos organisations.

Quelle est la plus grande injustice dans notre société, selon vous ?

Les enfants qui sont mal traités. Parce qu'ils sont tellement fragiles, ils sont tellement vulnérables. Je trouve qu’on doit s’occuper encore mieux de nos enfants. Ça me préoccupe beaucoup. Tous nos enfants, nos enfants autochtones, nos enfants québécois, nos enfants immigrants, tous nos enfants.


Si vous pouviez retourner dans le temps, que diriez-vous à la jeune fille de 16 ans que vous étiez ?

Si je me parlais à moi, je me dirais : « Si tu savais ! Si tu savais ce qui s’en vient. », parce que j’étais une jeune fille comme toutes les jeunes filles : je grandis normalement, simplement, à Québec, j'étudie à Sherbrooke.


Je me dirais « Si tu savais ! » et puis je me dirais aussi « Fais-toi confiance ! Fais-toi confiance !». C’est tellement important que les jeunes filles se fassent confiance, qu’elles ne doutent pas de leurs capacités, qu’elles s’expriment, qu’elles disent ce qu’elles pensent, qu’elles s’engagent. Alors je me dirais : « Fais-toi confiance ! ».


Où trouvez-vous votre énergie pour accomplir tout ce que vous accomplissez ? Premièrement, je n'accomplis rien tout seul. Je travaille en équipe. J’ai été chanceuse, j’ai de bonnes équipes. On a réalisé de belles choses, de beaux succès. On travaille en équipe, d’une part.


Ce qui me motive, c’est le sens que je donne à mon action, c'est le sens que je donne à mon travail. Ce n'est pas le titre, ce n'est pas le salaire.


Mais des fois, c’est dur... C’est dur être rectrice. Des fois c'est difficile, c'est compliqué ; et puis les problèmes sont difficiles. Quand je deviens fatiguée, je me dis : « Pourquoi tu fais ce travail-là ? ». Puis, à chaque fois, il y a de l'énergie qui vient. Parce que je crois à la science. Parce que je pense que ça change la vie, que ça change la vie des gens à tous les jours. Parce que je crois à l'éducation : je sais que l’éducation ça donne des chances à tous ces enfants dont je parlais précédemment. Ça leur permet de faire le travail qu’ils ont envie de faire, d’être le citoyen ou la citoyenne qu’ils ont envie d’être. Ça permet à ces enfants de grandir. Pour moi, l’éducation, c’est un levier sociétal incroyable.

Donc, quand je me lève le matin, quand je suis fatiguée, parce que ça m'arrive d'être fatiguée, je me dis « Pourquoi je fais ça ?». Et c’est le sens que je donne à mon travail. Je pense qu'il faut donner du sens à notre travail. Il faut savoir pourquoi on le fait. Il faut savoir ce qui a de l'importance, comment on contribue à notre société. Pour moi, c'est ce qui me donne de l'énergie : d'être là, de continuer, de relever de nouveaux défis, tout le temps.

La liberté me donne beaucoup d’énergie. Quand on fait les choses avec intégrité, et puis avec passion ; mais aussi avec cette liberté qui est propre aux personnes qui ne voient pas la fin du monde, qui ne sont pas dans le scénario de la fin du monde, mais qui prennent un peu de recul !


Je me considère comme une personne qui est libre, c'est peut-être mon métier, parce que les scientifiques, les chercheurs on est beaucoup là-dedans, la liberté. La liberté universitaire, la liberté d’expression sont des choses importantes.


Auriez-vous un conseil à donner à une femme qui hésite à aller de l'avant dans un projet ?

Ce que je dis aux femmes, à toutes les femmes, les plus jeunes et les plus expérimentées : « S’il te plaît, ne te dis pas “non” à toi-même. Laisse ça aux autres. ; Le pire qui peut arriver, c'est que quelqu'un d'autre te dise “non ”mais, à toi, ne te dis pas “non”. Va au bout ; ce n’est pas grave de se tromper, on se trompe toutes. Je me suis trompée plein de fois, la vie c’est ça, c’est des erreurs, c’est construire, c’est apprendre, c’est devenir meilleur ».


Alors, quand on hésite, parce qu'on a peur, parce qu'on pense qu’on n’a pas tous les talents, tous les diplômes, pour faire quelque chose, pour lequel on est convaincue qu’on serait bonne, et qu’on se dit : «mmm , qu’est-ce que les autres vont faire ? » Moi, je dis : « Ne te dis pas “non” à toi-même. Laisse ça aux autres. Puis s'ils te disent “non”, ce n'est pas grave, tu vas être fière d'avoir essayé. Puis tu vas poser des questions et puis tu vas apprendre quelque chose. Tu vas être meilleure la prochaine fois ».


Mais il y a trop de femmes qui se disent “non” à elles-mêmes. C'est triste. Il faut travailler là-dessus. Il faut avoir confiance en soi. Il faut se donner le droit d'être ambitieuse, d'avoir des ambitions, de vouloir faire des choses importantes, surtout à votre âge (16 ans). Rêver le monde, le reconcevoir, imaginer ce que l'on doit faire, comment on doit vivre ensemble, qu’est-ce qu’on doit faire avec les technologies, avoir envie de construire des navettes spatiales, des auto-autonomes, des maisons zéro émission carbones. Il faut se donner cette espace de créativité, cette liberté ! [...]


Je pense que c’est important de toujours faire les choses pour rester libre, ne pas être dans une logique de « I owe you, you owe me », mais dans cette liberté, cette indépendance, pour pouvoir être bien dans ce que l'on fait.



-------------------------------------------------------------------------------Interviewée le 19 novembre 2020

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