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Naïla Rabel

Dernière mise à jour : 14 janv. 2021

Qui est Naïla Rabel ?

Naïla est très active sur les réseaux sociaux où elle y dénonce les injustices dans notre société. Étant la militante qu'elle est, elle arrive à ajouter une petite touche d'humour dans des sujets qui peuvent être tabous pour certains. Elle est aussi actrice.



*Photo envoyée le 11 janvier 2021*

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Savoir s’indigner devant les injustices, savoir se préserver, privilégier la vérité, savoir être femme ; ce sont là les balises qui guide le discours de Naïla.


Quelle est votre plus grande fierté et pourquoi ?

Je pense que c’est mon premier rôle dans 30 vies, parce que c’était ma première audition à vie, puis je ne me suis pas laissée envahir par l’anxiété et le stress ; je suis juste allée. J’ai réussi, ça a l'air que ça a marché.

Ça m'a vraiment donné confiance pour le restant de ma vie, je dirais. Parce qu'avant ça, je ne parlais pas. Je ne serais pas la Naila aujourd’hui. Parce que je ne parlais pas du tout, j’étais muette, les gens dans ma classe ne savaient pas que j’existais. C’était à ce point-là.


En quoi le fait d’être femme a marqué votre parcours ?

Je dirais que dans la vie, il y a des micro-agressions que tu vis, justement, quand tu es une fille. Les gens qui font des propositions qui sont vraiment déplacées, et autres. Je sais qu’il y a des gars qui vivent ça aussi. On le sait avec la semaine de dénonciation, les trucs avec Éric Salvail, Maripier Morin. On sait que les garçons en vivent. Mais je dirais que c’est pas mal plus fréquent pour nous les femmes.


Des fois, je me sentais plus faible dans une situation inconfortable, où je n’étais pas à l'aise de parler, parce que, souvent, c'est ma parole contre la parole de l'autre ; donc j'ai automatiquement tort.


[...] Donc c’est sûr que ça affecte un peu les réactions. Des fois, tu réfléchis plus longtemps avant de réagir ; ensuite, on te remet en question parce que tu as pris trop de temps avant de réagir.


Quelles sont vos valeurs ?

L’honnêteté. La franchise, je dirais. Parce que l’hypocrisie, c’est la chose que j’aime le moins au monde ; puis je trouve que dans la vie, en général, les gens ne veulent pas entendre la vérité. Je ne comprends pas comment ça se fait. Mettons que quelqu’un ne t’aime pas, qu’il te le dise ou non, il ne va pas plus t’aimer. Tu veux qu’il te mente ? Et que tu continues à rester-là ? [...]


On dirait que j’aimerais mieux savoir et que j’évite cette personne pour ne pas que je me fasse niaiser. Mais bon, le commun des mortels n’a pas l’air de voir comme moi, ils préfèrent qu'on leur mente. [...]


Moi, dis-moi la vérité, c’est correct.


Quelle est la plus grande injustice dans notre société, selon vous ?

Je dirais les injustices reliées à l'argent. Parce que j'ai l'impression que les gens le remarquent moins.


Les injustices raciales, il y a des gens qui veulent fermer les yeux, mais il y a plus de gens qui les voient. [...]


Avec le capitalisme, le problème c'est que la plupart des gens plus pauvres, ou qui payent les conséquences de notre mode de vie, sont dans un autre pays, donc on ne les voit juste pas. Ils sont sur une réserve.

Nous, on a l’eau courante, donc on se dit : « Ah ! Le Canada est un pays riche », alors qu’il y a plein de réserves qui n’ont même pas l'eau courante, mais on ne les voit pas.


C’est des trucs financiers qu’on ne remarque pas trop. Tout le monde est trop occupé à vouloir être riche pour se rendre compte que pour que, toi, tu sois riche, il faut que quelqu’un soit pauvre.

Si vous pouviez retourner dans le temps, que diriez-vous à la jeune fille de 16 ans que vous étiez ? Je lui dirais de s’assumer plus, puis je me dirais que je n’étais pas grosse. «Naila, arrête de penser que tu es grosse ! Tu vas voir dans 10 ans, tu vas te trouver drôle !» Donc d’arrêter de penser que je suis grosse.


Et aussi d’essayer de faire les premiers pas avec les garçons, parce que plus tard ils vont s’abonner à ton onlyfans, feque criss, sors avec eux maintenant !


Je lui dirais d’avoir plus confiance puis d’essayer des trucs même si ça me fait sortir de ma zone de confort ; parce que ça va porter fruit.


Où trouvez-vous votre énergie pour accomplir tout ce que vous accomplissez ?

Je dors beaucoup ! Je dors 8 heures par jour. Je garde tout le sommeil que j’ai besoin. Je ne niaise pas avec ça.


Mais, sinon, je pense que c’est parce que, sincèrement, c’est quelque chose qui me rend heureuse de faire. C’est des affaires déprimantes, mais j’aime beaucoup défendre les gens. Donc, ça vient du fait que j’aime ça faire ça.


Ce qui me rend fatiguée, c’est si je fais quelque chose parce que je sens que je suis obligée de le faire. Si ça vient de moi, si ça me tente, j’ai plein d'énergie. Parce que je le fais quand j’ai envie. Si je suis fatiguée, je me repose. Quand j’ai envie, je le fais. C’est quand il y a une certaine obligation que je suis plus fatiguée.


C’est comme, j’aime danser. Mais ce n’est pas ma job, j’aime juste danser. Donc quand je suis fatiguée, j’arrête et quand j'ai envie, je recommence. Je ne m'épuise pas puisque je n'ai rien à gagner à m'épuiser.


Je pense que je trouve de l’énergie parce que ça me passionne.


Auriez-vous un conseil à donner à une femme qui hésite à aller de l'avant dans un projet ?

Je lui dirais : « Pendant que tu le crées, oublie que tu es une femme, puis qu’il y a des gens qui vont critiquer, qu’il y a des barrières ; puis, juste, fonce ! Sauf que, quand tu es prête à foncer, rappelle-toi que tu es une femme puis que tu vas avoir des barrières ; feque abandonne pas après le premier “non” ou après les premiers stéréotypes. Il y a quand même des endroits où on peut être entre nous. Des endroits qui peuvent t’aider, puis te permettre de collaborer avec d’autres femmes aussi. De ne pas essayer de toujours être "one of the boys” puis fâcher les autres femmes. Il faut décider de s’entraider entre nous, on est quand même un bon 50 % de la planète. On pourrait décider de s'aider, parce que, oui, c’est sûr que l’homme hétéro blanc a un privilège, mais si on se met ensemble, on peut quand même aller quelque part. Mettons qu’on ne vise pas le sommet, on peut quand même se rendre très, très loin ».

------------------------------------------------------------------------------Interviewée le 26 novembre 2020

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